Du 29 au 30 Septembre 2019, s’est tenue à Banjul, capitale de la Gambie en Afrique de l’ouest, la 3eme édition du Forum de la Jeunesse Africaine. Réunissant des participants venant d’une trentaine de pays de l’Afrique (Cameroun, Malawi , Uganda, Gabon, Soudan, Nigeria, Mali, etc.), le Forum de la jeunesse africaine, sur le genre et les droits de l’homme est une initiative de l’UNESCO et ses partenaires. Il vise à promouvoir l’implication, la participation et le leadership jeune dans la réalisation des Agendas 2030 et 2063. C’est un événement dont la portée est de permettre à ces jeunes de divers pays africains d’échanger entre eux et de partager leurs points de vue sur des thèmes d’actualité. La voix de la jeunesse camerounaise a été portée à cette autre édition par Gladys Monthe Tcheugoue de DMJ. Elle a ramené une moisson constituée de recommandations et engagements dont la mise en œuvre requiert l’accompagnement de l’UNESCO, ses Partenaires et les gouvernements de leurs pays respectifs.
L’objectif de la 3e édition du forum de la jeunesse africaine était double, à savoir de :
- fournir aux jeunes leaders africains des deux sexes, de toutes les catégories et tous les horizons, unetribune pour réfléchir et échanger sur les différents segments de la jeunesse et
- leur donner l’opportunité d’interagir avec les autresacteurs de l’espace sociétal afin de créer les synergies nécessaires pour apporter des solutions à leurs problèmes et à ceux de la société.
L’initiative a ainsi permis de sécuriser un espace ouvert de réflexion et de dialogue dirigé par les jeunes africain-e-s et, notamment, autour des thèmes du Forum ci-dessous énumérés. Ce faisant, le forum de Banjul a été :
- un espace ouvert de réflexion et de dialogue entre les différentes franges de la jeunesse (universitaires, jeunes activistes, humanistes, entrepreneurs sociaux, etc.) sur leurs préoccupations et perspectives respectives ainsi que ceux de leur pays, de leur région, du continent et du monde global ;
- un espace ouvert de réflexion et de dialogue intergénérationnel où les jeunes peuvent échanger avec des « anciens jeunes leaders » autour de thématiques importantes et/ou d’actualité comme les problématiques de l’engagement politique, la démocratie, la gouvernance, la paix, les droits humains et les libertés garanties, etc.
- un espace de dialogue et d’action entre les jeunes et les autorités sur la meilleure façon d’assurer l’effectivité des droits humains des jeunes en mettant l’accent sur leur nécessaire leadership dans les instances de gouvernance locale, nationale, régionale et continentale à travers notamment les thèmes retenus.
Le format de ce forum a été une combinaison de séances plénières et de discussions de groupes de travail qui a duré 2 jours. En sus des allocutions inaugurales, 5 tables rondes ont été organisées, dont chacune était centrée sur les principales problématiques :
- Crises, conflits, violences et radicalisation : les jeunes africain-e-s, promoteurs-trices de la culture de la paix pour achever les ODD ;
- Leadership, Citoyenneté et Gouvernance : Jeunes défenseur-e-s des droits de l’homme ;
- Expression émergente des jeunes, Transformation sociale et politique, Atteinte des ODD ;
- Révolution Digitale, Intelligence Artificielle : jeunes garants de l’éthique dans l’usage des TIC et de la Liberté d’expression ;
- Futur de l’éducation, Recherche et libertés académiques : pour une approche prospective de l’Emploi des jeunes et de la paix sociale.
Ces tables-rondes ont été suivies de trois sessions parallèles couvrant les thématiques : (1) Jeunes et femmes défenseur-e-s des droits de l’homme ; (2) Jeunes, Humanités et Patrimoine africain ; (3) Jeunes, Changement climatique et Migrations.
Recommandations et Résultats des échanges
Au terme des ces 2 jours d’échanges, de réflexion et de partage, à travers les associations et mouvements sociaux, ces jeunes issus de tous les coins de l’Afrique ont pris des engagements tant individuellement que collectivement :
- Etre actifs dans tout espace ouvert de réflexion et de dialogue entre les différentes franges de la jeunesse (universitaires, activistes, artistes, humanistes, entrepreneurs sociaux, etc.) et les autres parties prenantes (groupes de défenseurs des droits humains, mouvements féministes, environnementalistes, etc.) sur leurs préoccupations et perspectives respectives ainsi que ceux de leur pays, de leur région, du continent et du monde, mais aussi sur les problématiques de l’engagement politique, de la gouvernance démocratique, des droits humains et des libertés garanties, etc. ;
- Créer un espace de dialogue, de production, de reproduction et d’action entre les jeunes et les autorités sur la meilleure façon d’assurer l’effectivité des droits des jeunes ;
- Assumer nos responsabilités et être formés à la pratique de la négociation et du plaidoyer afin d’interagir de façon efficace et efficiente avec les pouvoirs publics;
- Encourager une culture de résilience, d’autonomie et départage, notamment à travers la création de plateformes et la participation des jeunes à des forums, dans le domaine entrepreneurial tout en sensibilisant les jeunes et leurs familles à l’importance de l’entrepreneuriat ;
- Adopter une démarche basée en particulier sur les droits humains pour assurer l’exclusivité de tous, être solidaires les uns avec les autres et créer des synergies ;
- Préserver les identités culturelles dans leurs formes tangibles et intangibles pour bâtir une cohésion sociale ;
- Soutenir un dialogue transgénérationnel pour le partage de connaissances et d’expériences ;
- Travailler pour la révision de la Charte africaine de la jeunesse et produire un rapport lors du Forum Banjul 4.
Pour réaliser ces engagements, ils ont sollicité l’accompagnement de l’UNESCO, ses Partenaires et les gouvernements de leurs pays respectifs. Relativement à cela, ils ont soumis à leur endroit les doléances suivantes :
- L’appui de l’UNESCO, du HCDH, de TrustAfrica, de Article 19, du CODESRIA et de l’ONG Femmes Africa Solidarité pour faire le suivi des recommandations portants sur la jeunesse faites aux Etats dans le cadre des mécanismes internationaux et régionaux de promotion et de protection des droits des humains ;
- A l’Union africaine, à l’UNESCO, au HCDH et aux autres partenaires de nous appuyer en vue de maitriser les systèmes internationaux et régionaux de promotion et protection des droits humains ;
- A l’Union africaine et aux autres organisations de renforcer avec l’appui des agences du Système des Nations Unies et les organes continentaux, le financement de l’entrepreneuriat économique et social des jeunes ;
- Aux Communautés économiques régionales d’élaborer et de mettre en œuvre, avec l’appuides agences du Système des Nations Unies, des politiques structurelles de promotion de la créativité, de l’entrepreneuriat, de l’innovation et de l’emploi des jeunes ;
- Aux différents Etats africains d’instituer l’inclusion des jeunes dans les sphères de prise de décisions politiques et sociales à travers un système de quota d’un minimum de 30% et de considérer tous les groupes sociaux vulnérables ;
- Que les Etats africains entreprennent des réformes dans le secteur de l’éducation et de l’employabilité des jeunes, et mettent en place un programme de formation pour la promotion de l’entrepreneuriat et la bonne qualité de l’éducation pour les jeunes afin de les rendre plus compétitifs ;
- Qu’une commission de suivi des recommandations soit mise en place par les organisateurs du forum afin de permettre la réalisation et la matérialisation des recommandations issues de ce Forum. Cette commission devra être constituée par des jeunes venant des organisations leaders et des mouvements sociaux. Elle aura la charge de définir un calendrier de mise en œuvre des recommandations ;
- Qu’une plateforme en ligne soit créée afin de faciliter les échanges entre les jeunes participants au Forum et de promouvoir l’utilisation de la nouvelle technologie par les jeunes. Les Etats membres doivent définir des politiques de promotion de la nouvelle technologie auprès de la jeunesse et mettre fin aux coupures ciblées d’internet ;
- Que tous les acteurs fassent de la jeunesse des véritables acteurs du changement et des résolutions pacifiques de conflits.